Les Hay Babies

Parmi les formations les plus rayonnantes du Canada francophone, Les Hay Babies avancent un folk-rock pluriel et pétillant depuis plus d’une décennie. D’abord des amies, les Acadiennes d’origine néo-brunswickoise Julie Aubé, Katrine Noël et Vivianne Roy fortifient les liens qui les unissent à travers la musique qu’elles créent - tant que le fun passe avant le travail, pis que le travail se fait dans le fun.

Chacune s’enligne sur une carrière solo quand elles se rencontrent et décident plutôt de former un groupe, en 2011. L’année suivante, elles lancent déjà Folio, un premier EP indépendant démontrant leurs affinités indie-folk et country. Ce mini-album rayonne rapidement, les inscrivant dans la foisonnante mouvance folk du début de cette décennie - et ça témoigne aussi d’un aspect pratique, celui de la nécessité de jouer sur des instruments acoustiques comme, à l’époque, elles tournent à 3 dans une Honda Civic.

En 2013, elles signent sous l’étiquette montréalaise Simone Records, ce qui leur donne davantage de ressources pour la suite, les menant à monter un band complet et à diversifier le son qu’on leur connaît. Ce renouvellement de proposition se manifestera sur chaque album - ce qui fera autant la marque du groupe que son entrain indéfectible et son intérêt pour l’actualisation des sons passés.

C’est donc en 2014 qu’elles offrent Mon homesick heart, un premier album portant leurs débuts country-folk vers des sonorités rock contemporaines - on y retrouve notamment « Fil de téléphone », leur plus grand succès à ce jour.

Deux ans plus tard, elles rappliquent - déjà! - avec La 4ième dimension (version longue), second long-jeu et autre nécessaire changement de cap. Cette fois-ci, elles s’investissent de rock 70s et de ballades 80s, nous invitant notamment dans leur chambre de motel pour manger de la pizza pis des pickles.

De 2014 à 2017, Julie et Katrine opèrent une friperie à Moncton : à défaut d’avoir du budget pour des décors, ça leur permet de développer la mise en scène de leurs spectacles via des costumes. À un moment donné, elles sont invitées à aller visiter une maison qui doit être vidée - elles y passent deux jours à accumuler des vêtements et, juste avant de quitter, Katrine remarque une boîte remplie de cartes postales. Elles y découvrent une correspondance épistolaire qui garnira les textes de Boîte aux lettres, lancé en 2020 : un troisième album aux sonorités pop et disco 70s retraçant l’histoire d’une Jacqueline partie découvrir la grande ville de Montréal, racontant son parcours via des lettres envoyées à sa mère.

D’être autant inspirées par un élément du hasard, ça leur donne envie de trouver un autre filon du genre. Au printemps 2023, Katrine propose qu’elles se payent la traite pour écrire un nouveau disque en Louisiane : les liens pan-acadiens sont forts et l’accueil reçu là-bas a toujours été extatique. Elles s’installent dans une maison ancestrale dans la paroisse de Vermillion, font connaissance avec les habitants du coin et sont accueillies par la communauté, préconisant particulièrement un bar sur le bayou, fréquentés par des pêcheurs. Ces rencontres les mènent à vouloir aborder l’identité acadienne en chansons : puisant dans sa joie de vivre inhérente, affirmant sa voix, démontrant sa fierté. En résulte Tintamarre, un album de party aux allants countr, roots et classic rock. On y retrouve des chansons nouvelles mais familières comme celles d’un jukebox, interprétées par un quintette solidifié au courant de la dernière décennie - Julie, Katrine et Vivianne menant le projet en étant appuyées par Mico Roy à la guitare et Marc-André Belliveau à la batterie. Tintamarre, c’est un album scintillant de joies et de tintamarres, et un nouveau chapitre distinct du catalogue des Hay Babies.