Près de quatre ans après la sortie de The Ballad of the Runaway Girl, son percutant troisième album solo, Elisapie lance Uummati Attanarsimat (Heart of Glass), une adaptation en inuktitut du succès du groupe américain Blondie lancé en 1979. L’artiste Inuk annonce par le fait même le spectacle Uvattini, qui sera présenté à Montréal et Québec en décembre 2023.
Traduite de l’anglais à l’inuktitut par Elisapie et réalisée par son fidèle collaborateur Joe Grass, Uummati Attanarsimat (Heart of Glass) a été inspirée par un souvenir d’enfance:
Ma mère adoptive était originaire du petit village d'Ivujivik et on allait souvent là-bas pour rendre visite à sa famille. C'était à 30 minutes d'avion de mon village, Salluit. Une fois arrivés à Ivujivik, mes parents allaient « gambler » chez un cousin. Plus tard, j’ai développé des sentiments mitigés sur leur dépendance, mais pas à ce moment-là.
À l'époque, ça voulait dire que les enfants étaient libres de faire ce qu'ils voulaient. Les enfants plus âgés s'occupaient de nous et ils savaient comment faire la fête. Je me souviens d'une nuit où ils ont fait jouer Heart of Glass. Je devais avoir 5 ou 6 ans. Ils se sont tous mis à danser comme des fous. J'observais leur joie avec admiration. J'avais l'impression d'être libre. Pas de parents. Rester debout trop tard pour un enfant de mon âge. Être aimée et traitée comme la plus belle des poupées par mes gardiennes.
Quand cette chanson résonne, je me retrouve à cet endroit avec mes grands cousins. Même si j'étais dans une petite salle, dans un petit village isolé du reste du monde, dans mon esprit, c'était le meilleur "dancefloor" et le "club" le plus branché du monde.
La nouvelle chanson d’Elisapie est accompagnée d’une vidéo réalisée par Philippe Léonard à partir d’images d’archives tournées sur pellicule Super 8 dans le Grand Nord du Québec. Montrant des paysages époustouflants ainsi que différents aspects du mode de vie hivernal des Inuit à travers un assemblage de scènes du quotidien, ces dernières ont été obtenues auprès de l’Institut culturel Avataq et des fonds Mary & Bill Cowley.
Présenté à l’Usine C à Montréal les 7 et 8 décembre, ainsi qu’au Grand Théâtre de Québec le 21 décembre, le spectacle Uvattini (qui signifie « chez nous » en inuktitut) mêle musique, narration, vidéos et performance pour imaginer un espace de rituel où le passé et le présent se confondent, faisant émerger des souvenirs doux-amers et des émotions brutes. Mis en scène par Émilie Monnet, ce dernier raconte l'histoire personnelle d’Elisapie et celle de sa communauté de Salluit, située tout au nord du Nunavik. D'une facture documentaire et poétique, Uvattini montre et fait ressentir ce qu’est le Nord et les Inuit qui l’habitent. En incorporant diverses surfaces de projections, on y dévoile des paysages et des scènes de vie intimes, pour accompagner les chansons d’Elisapie en créant des mouvements, comme un souffle qui bat au rythme de la musique.
Les billets pour assister au spectacle Uvattini seront en vente dès le 10 mars.