Inuktitut est le quatrième effort solo d’Elisapie. Il s’agit d’un album de reprises dont l’idée a germée dans la tête de l’artiste à l’hiver 2021, alors que des chansons – de Led Zeppelin, Pink Floyd, Blondie, Fleetwood Mac, Metallica, Queen, Cyndi Lauper et plusieurs autres artistes qui ont un jour résonné aux confins du Grand Nord québécois – ont déclenché une crise de larmes. Elisapie réalise alors que ces mélodies ont été un refuge pour elle, mais aussi pour son entourage, ses tantes, ses oncles, ses cousins, ses parents, sa communauté. Un grand nombre de ces chansons étaient alors une échappatoire dans un contexte où les repères culturels et communautaires s’effaçaient face à la colonisation. C’est ainsi que débute un important travail archéologique mental: celui de se remémorer ces chansons associées à des êtres du passé et à des moments chargés d’émotions. S’ensuit une seconde quête davantage prosaïque, celle d’obtenir l'autorisation des artistes originaux, afin de traduire et d’adapter les chansons qui se retrouvent aujourd’hui sur l’album.
Avec ces 10 reprises de classiques du rock et de la pop des années 60 à 90, qu’elle a traduites et interprétées en Inuktitut, Elisapie réinvente la poésie de ces chansons grâce à la sonorité brute de cette langue millénaire, leur octroyant un caractère unique et profondément personnel. Véritable liste de lecture d’une autobiographie émotive, chaque titre est adressé à un proche ou lié à un récit intime qui a façonné la personne qu’elle est aujourd’hui. Par cet acte de réappropriation culturelle, l’autrice-compositrice-interprète inuk raconte son histoire, offre ces chansons en cadeau à sa communauté, et fait résonner sa langue et sa culture au-delà du territoire des Inuit.