Zaho de Sagazan c’est une voix singulière et puissante, de celles qui font dresser nos poils. Un timbre grave porté par des rythmes électroniques qui côtoient la techno berlinoise et l'electronica française.
Passant des murmures aux cris, l’artiste de 21 ans s’amuse, se raconte et dissèque les travers humains sur des textes en français d’une sincérité tranchante. Ses mots, drapés de mélodies puissantes à la mélancolie subtile, nous plongent dans une intimité partagée, où l’on goûte à la délicieuse liberté de danser, de penser et de s’émouvoir.
Au côté de son batteur Tom Geffray, Zaho nous livre une Krautpop moderne inspirée de ceux qui l'ont fait danser tels que Koudlam ou Autumn. Côtoyant la folie de Catherine Ringer ou Brigitte Fontaine vient toujours le moment où elle retourne s’asseoir les yeux fermés à son piano, fidèle allié de ses créations.
La matière pourrait être un velours métallique ; la texture, à la fois moelleuse et rêche ; le mouvement quelque part entre la vague d’air soulevant la soie et l’onde que fait une pierre de taille jetée à la surface d’un lac... La voix de Zaho de Sagazan a quelque chose d’étrange mais s’impose vite comme familière, puissamment proche. Une sœur ? Une meilleure amie ? Une chamane ? Une psy ?
Une autrice, compositrice et interprète singulière, en tout cas. Et son premier album, La symphonie des éclairs, confirme la rumeur circulant depuis l’enchainement des événements de 2022 – quelques premiers concerts, les Inouïs du Printemps de Bourges, le Chantier des Francos, le Prix Chorus des Hauts- de-Seine, les TransMusicales de Rennes...
Voici donc Zaho de Sagazan, à vingt-trois ans, dans ses chansons électro dark, à l’improbable carrefour de Barbara et de Koudlam, de Christophe et de Cold Cave, d’une chanson française introspective et de l’électronique héritière de Kraftwerk. Et sa voix charcute les sentiments, ravage les séductions tranquilles de la chanson de fille.
Zaho a dompté sa voix comme elle a dompté la musique, entre acharnement et plaisir. Au commencement, le piano est une affaire de beignets au chocolat – sa récompense après les cours classiques qu’elle prend en 6e. Dégoût. Mais elle y retourne d’elle-même quelques années plus tard. Passion obsessionnelle et autodidacte dont son écriture d’aujourd’hui garde la trace – lancer les mélodies en ligne droite, répéter les mêmes deux accords en boucle jusqu’à l’hypnose...
Adolescente, elle s’est passionnée pour la chanson classique, admire l’écriture de L’Écharpe de Maurice Fanon ou Du bout des lèvres de Barbara, qui jouent sur les mots tout en dévoilant la plus intime vérité du sentiment. Parallèlement, elle se passionne pour l’électronique sombre, qui plonge loin dans l’âme tout en passant par le corps avec furie.
Tout s’est ligué : infiniment rêveuse, elle a grandi sous l’injonction maternelle de « se mettre à la place des autres », ce qui est à la fois une vertu charitable et un magnifique poste d’observation. Qu’elle dise « je », « tu » ou « il » dans ses chansons, le sujet est toujours le même : une personne qui aime, souffre, hésite, se regarde dans le miroir, s’explore... Et ce personnage n’est pas toujours Zaho : « Je n’ai jamais vécu l’amour. Je me l’invente, j’essaie de le comprendre avant de le vivre. » Alors, elle s’installe dans un personnage qui aime et elle peut rester longtemps à le chanter à son piano. Par exemple Suffisamment : « Je t’aime passionnément / Tu m’aimes suffisamment / Pour que je reste / Mais pourquoi je reste / Sûrement parce que je t’aime / Passionnément ». Boucle désespérée, exaltée, réaliste mais rêvée : « Quand je l’ai écrit, j’étais en pleurs. »
Tout du long de l’album, elle passe du spleen à l’extase, de l’ivresse au dégrisement, du désir à la sublimation, qu’elle explore les relations de couple (Langage, Dis-moi que tu m’aimes, Je rêve, Suffisamment), les fantasmes amoureux (Les garçons, Mon inconnu), des autoportraits audacieux (Tristesse, Mon corps, La symphonie des éclairs), des songes troublants (La fontaine de sang), ou tout simplement invite à la suivre dans son univers libre et fervent (Ne te regarde pas). Unique, singulière, une intemporelle voix d’aujourd’hui.
À 22 ans, Zaho de Sagazan est attendue comme celle qui peut injecter, avec son timbre expressif de mezzo-soprano, du sang neuf dans la chanson française.
Le MondeSon réalisme poétique touche au cœur, emporté par cette voix qui cogne les âmes sur fond électronique [...] Elle fait l'unanimité cet été sur la scène des festivals.
LibérationRetenez bien ce nom : Zaho de Sagazan est là pour longtemps.
Le FigaroLa future grande de la chanson française. [...] Entre tradition de la chanson française et techno berlinoise [...] À mi-chemin entre Stromae et Brel.
L'OBS