Elisapie présente Taimangalimaaq (Time After Time), une reprise de Cyndi Lauper, et dévoile les détails de son prochain album, Inuktitut

Après avoir attiré l’attention de Debbie Harry et séduit le public d’ici et d’ailleurs avec Ummatti Attanarsimat (Heart of Glass), sa reprise du classique de Blondie, Elisapie rapplique aujourd’hui avec Taimangalimaaq (Time After Time), une adaptation en Inuktitut du succès de Cyndi Lauper. La chanteuse inuk annonce par le fait même la sortie de son prochain album, Inuktitut, qui paraîtra sous Bonsound le 15 septembre 2023.

Tout comme l’extrait précédent, Taimangalimaaq (Time After Time) a été inspiré par un souvenir d’enfance d’Elisapie, cette fois associé à sa tante Alasie et sa cousine Susie:

Si j’ai pu passer à travers la période difficile qu’était la pré-adolescence, c’est grâce à ma tante Alasie, puisque ma mère n'avait ni les connaissances ni l'expérience pour me donner un cours accéléré sur la puberté, la mode ou les rapports sociaux. En plus, d’entrer dans un nouveau chapitre de ma vie, nous étions en plein dans les années 80 et la modernité de l’époque venait ébranler nos traditions. La génération de ma mère qui avait vécu en tant que nomade, dans des igloos, subissait de plein fouet des importants bouleversements culturels.

Malgré ses propres difficultés, ma tante faisait tout pour que je ne me sente pas à l’écart et m’exposait à des tas de choses modernes comme la télévision, les vêtements, la danse, le Kraft Dinner et le maquillage!

Chaque fois que j'allais chez ma tante, j'étais fascinée par mes grandes cousines. Elles étaient toutes tellement cool, elles adoraient la musique pop et le maquillage des années 80-90. L'un de mes meilleurs souvenirs avec elles c’est d'écouter la radio et d'entendre pour la première fois Time After Time de Cyndi Lauper. C'était un véritable coup de foudre, et impossible depuis d’écouter cette chanson sans penser à ma cousine Susie. Cyndi Lauper était notre modèle de femme libre et forte. L’artiste et la chanson nous ont aidées à surmonter bien des épreuves.

Disponible en précommande (vinyle, CD et numérique) dès aujourd’hui, Inuktitut est le quatrième effort solo d’Elisapie. Il s’agit d’un album de reprises dont l’idée a germée dans la tête de l’artiste à l’hiver 2021, alors que des chansons – de Led Zeppelin, Pink Floyd, Blondie, Fleetwood Mac, Metallica, Queen, Cyndi Lauper et plusieurs autres artistes qui ont un jour résonné aux confins du Grand Nord québécois – ont déclenché une crise de larmes. Elle réalise alors que ces mélodies ont été un refuge pour elle, mais aussi pour son entourage, ses tantes, ses oncles, ses cousins, ses parents, sa communauté. Un grand nombre de ces chansons étaient alors une échappatoire dans un contexte où les repères culturels et communautaires s’effaçaient face à la colonisation. C’est ainsi que débute un important travail archéologique mental : celui de se remémorer ces chansons associées à des êtres du passé et à des moments chargés d’émotions. S’ensuit une seconde quête davantage prosaïque; celle d’obtenir l'autorisation des artistes originaux, afin de traduire et d’adapter les chansons qui se retrouvent aujourd’hui sur l’album.

Avec ces 10 reprises de classiques du rock et de la pop des années 60 à 90, qu’elle a traduites et interprétées en Inuktitut, sa langue maternelle, Elisapie réinvente la poésie de ces chansons grâce à la sonorité brute de cette langue millénaire, leur octroyant un caractère unique et profondément personnel. Véritable liste de lecture d’une autobiographie émotive, chaque titre est adressé à un proche ou lié à un récit intime qui a façonné la personne qu’elle est aujourd’hui. Par cet acte de réappropriation culturelle, Elisapie raconte son histoire, offre ces chansons en cadeau à sa communauté, et fait résonner sa langue et sa culture au-delà des frontières du territoire des Inuit.